Manifeste
Nous avons rédigé en 2020 un court essai intitulé Le grand bout de la lorgnette, aménagement du territoire et crise écologique, qui constitue pour nous un manifeste théorique en même temps qu’un guide pour l’action. En cohérence avec nos positionnements, nous y appelons à la formulation de nouveaux principes d’organisation spatiale, fondée sur l’émergence de “territoires” entendus comme des entités cohérentes, autonomes, en relation entre elles et avec leur environnement. Le champ de l’urbanisme doit, selon nous, se dédier à ce nouvel objet, qui implique la réhabilitation d’une certaine forme d’aménagement du territoire, au sens d’une vision et d’un cadre portés au niveau national pour permettre l’action locale.
Ce texte, écrit à quatre mains, cherche à souligner l’importance des enjeux d’aménagement du territoire dans la résolution de la crise écologique dans laquelle nous nous enfonçons. Ces enjeux nous paraissent aujourd’hui sous-estimés, au sein de la sphère publique et politique, comme dans le champ de l’urbanisme et de l’aménagement lui-même. Nous faisons une critique de cet état de fait, et esquissons des pistes pour en sortir, dont une partie engage notre jeune agence d’urbanisme. Ce matériau hybride, entre l’état des lieux et le manifeste, est bien sûr ouvert au débat. Partout, on voit monter une volonté de saisir la crise du coronavirus comme l’occasion d’une bifurcation. Les acteurs de l’urbain et du territoire ne doivent pas manquer ce rendez-vous.
études
Vitalité des communes de l’hérault
mieux la caractériser pour se projeter
Faisant suite à l’Atelier des Territoires “Mieux aménager avec des sols vivants” dans la CC des Avant-Monts, cette étude commandée et coproduite par la DDTM 34 poursuit trois objectifs. D’abord, inventer une méthode d’objectivation de la “vitalité communale”, traduisant le caractère multifacettes de la vitalité en mobilisant une série d’indicateurs (géo-)statistiques. Ensuite, à l’heure du ZAN et des craintes des élus locaux quant à leurs capacités de développement, répondre à la question de savoir si la construction résidentielle et la croissance démographique sont corrélés ou non à la vitalité locale. Enfin, sur ces bases, éclairer le vaste champ d’action des élus locaux pour œuvrer en faveur de la vitalité de leur territoire... Une belle mission de recherche-action que nous espérons prolonger dans l’Hérault et dans d’autres territoires.
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Billets
Notre pratique de l’urbanisme nous conduit à mettre en débat l’un des enjeux majeurs de l’aménagement du territoire, celui de l’équilibre habitat-emploi. Le sujet semble paradoxalement peu considéré, alors que la situation s’est considérablement dégradée sur la période contemporaine et qu’il se trouve aujourd’hui au croisement d’enjeux de transition écologique (étalement urbain et augmentation des flux routiers) et de transition sociale (« France des ronds-points » mise en lumière par le mouvement des Gilets Jaunes). La dynamique de métropolisation-périurbanisation en cours depuis plusieurs décennies a en effet conduit à l’apparition de « territoires dortoirs », tandis que l’activité économique tend à se concentrer dans des pôles d’emploi avec, en corollaire, un allongement des distances domicile-travail. C’est ce que révèle avec force la carte ci-dessous tirée du Rapport de l’Observatoire des territoires « Emploi et territoires » (CGET, 2016).
Dans ce cadre, Belvédère engage un travail de recherche, au long cours, sur les déterminismes géographiques de l’équilibre habitat-emploi, dont voici un premier billet.
Dans le précédent billet [Décryptage], nous établissions que pour corriger les déséquilibres fonctionnels actuels et chercher à autonomiser les territoires peu pourvus en emplois, un développement quantitatif de l’activité économique locale ne constituait pas une condition suffisante, concentration d’emplois et proportion d’actifs travaillant sur place étant largement décorrélées. L’initiative présentée ici donne à voir comment une petite collectivité, en marge et dépendante de la métropole, est parvenue à développer un projet économique alternatif, fondé sur les forces vives du territoire, en cherchant à s’extraire de la logique d’attractivité-compétitivité pour répondre d’abord aux besoins locaux.
L’équilibre fonctionnel d’une opération immobilière est simple à appréhender, encore faut-il savoir de quoi on parle et quels sont les objectifs. Avec 1 m² de logement pour 1 m² de bureaux, une opération est certes mixte, mais certainement pas équilibrée du point de vue du rapport population-emploi... En fait, le point d’équilibre se situe plutôt autour de 3 pour 1, soit 3/4 de logement et 1/4 de tertiaire.
Parmi les relations essentielles à refonder à l’échelle des territoires, à côté de l’équilibre habitat-emploi, celle sans doute la plus élémentaire et la plus mise à mal : celle qui relie production et consommation alimentaire.
La mise à l’épreuve de l’autonomie des territoires par la crise du Covid a révélé les errements des politiques agricoles, aux différentes échelles. La souveraineté alimentaire n’est plus assurée au niveau national, avec des niveaux d’autonomisation très fluctuants d’un territoire à l’autre, certains plus cohérents, plus robustes et plus vertueux que d’autres...
Le pôle des Hauts-Prés® de la Communauté d’Agglomération Seine-Eure dont il est question ci-après est un exemple en la matière et un projet-processus pionnier particulièrement intéressant, avec ses franches réussites et ses déconvenues relatives. En cherchant à protéger la ressources en eau, à accompagner la structuration d’un écosystème d’acteurs de la filière bio, il démontre la capacité d’une collectivité à être actrice du changement, et d’un projet d’aménagement à le mettre en oeuvre : il est à la fois pôle d’emplois et pôle entrepreneurial, mais aussi équipement-démonstrateur auprès des potentiels acteurs, des populations de tout un territoire et même au-delà.
Le maire s’inquiète, son village est en déclin... La dernière plaque pavillonnaire livrée il y a vingt ans connaît un inéluctable vieillissement. Heureusement, il existe une solution : construire un nouveau lotissement, 5 hectares, 50 lots, 200 habitants. On repart pour un tour ?